Big data et Ressources Humaines (Lecho.be juin 2015)
Une curieuse tendance gagne le monde du travail. Plus particulièrement celle du recours aux "people analytics". People analytics englobe les ressources humaines, l'analyse de données, les calculs de probabilité et parfois aussi certains autres domaines scientifiques.
Guy Halfteck, a lancé sa société Knack en 2010, après avoir été rejeté pour un poste dans un fonds spéculatif. "Le processus de recrutement était vraiment traditionnel, standardisé et dépassé. Ça n'a pas marché. Pas pour moi en tout cas, et je pense que ça n'a pas mieux marché pour l'entreprise. C'était très superficiel, essentiellement une question d'intuition et de flair." Au XXIe siècle, on doit pouvoir faire mieux, a-t-il pensé. Surtout de manière mieux étayée. Ou encore, pour utiliser un mot à la mode: "data driven". Basé sur les données. Les temps semblaient mûrs pour une telle idée. Et la technologie était disponible. Knack - le mot anglais pour "compétence" - propose aujourd'hui trois jeux, une application pour les particuliers et une pour les entreprises. Elles sont déjà utilisées par les grandes multinationales. "Nous nous développons rapidement, explique Halfteck. Les entreprises se rendent compte qu'à l'avenir, les données et la science pourront les aider à prendre des décisions. Et elles sont en train d'apprendre comment aborder ce phénomène."
Ce qui ouvre un monde de nouvelles possibilités. Et cela n'a pas échappé à Frederik Anseel. À l'université de Gand, il travaille à la mise en place d'un centre de connaissances interdisciplinaire provisoirement appelé "People Analytics at Work". Son objectif: développer de nouveaux modèles et outils de gestion, entre autres pour mesurer et gérer le comportement des gens au travail. Dans l'intervalle, il a déjà lancé une spin-off avec son ancien collaborateur Cedric Velghe: The Vigor Unit. Ils veulent aider les entreprises à comprendre et à prédire le comportement de leurs employés, et à le changer si nécessaire. "Evidence based", sur base des sciences.
The Vigor Unit - du latin "vigor", force - veut devenir un "science broker", explique Anseel. Un courtier en compréhension scientifique. Avec la société courtraisienne Creax, Anseel, deux doctorants et un chercheur ont développé l'outil en ligne Innduce.me, capable de quantifier le potentiel d'innovation des personnes à partir de simulations. Qui a 20 nouvelles idées par minute, mais ne réussit pas à les réaliser? Pour qui est-ce le contraire? À quoi ressemble un "dream team", pour un processus d'innovation donné? Disposons-nous de tous les profils nécessaires? Plus de 350 entreprises ont collaboré à ces recherches.
L'innovation devient donc, elle aussi, une question de mesures et de connaissances. Pour certains, c'est déjà le cas. "Suivez les chiffres", recommandait déjà Michael Bloomberg à ses suiveurs sur LinkedIn l'an dernier, dans un billet sur la manière dont ils pouvaient stimuler l'innovation. Michael Bloomberg, ce n'est pas n'importe qui: c'est le fondateur du géant des services financiers Bloomberg et l'ancien bourgmestre de New York. "Il est essentiel de disposer d'une équipe talentueuse et de partenariats solides, mais si vous ne pouvez pas mesurer leurs performances, vous ne pouvez pas les gérer »
HOME |
THEMES |
AGENDA |
RESEAU |
CITYGUIDE |