*Bruxelles
1- Bonjour Jean-Philippe, peux tu te présenter en quelques lignes
Bio-ingénieur de formation, je suis papa de 4 filles et ai débuté ma carrière comme chef de projets indépendant durant 8 ans au sein d'un bureau de développement territorial. L'envie d'entreprendre est arrivée et j'ai lancé Topino en 2009 pour en assurer la direction jusqu'il y a peu. Je suis actuellement toujours actif dans le projet, entre autres, sur la partie stratégie et exerce en parallèle une activité de conseil aux indépendants, patrons de PME et groupes de citoyens en stratégie de mutation vers l'économie collaborative.
2- Raconte-nous les débuts de Topino ?
C'est à la suite d'un nième chargement de courgettes lors d'une visite chez mes parents qui voulaient vider leur potager que l'idée de créer une plateforme d'échanges de fruits et légumes venant de jardins privés est née. Je crée alors avec Benoit Vrins en 2009.
La 1ère version de Topino qui permet de commander directement aux producteurs particuliers et professionnels et d'aller chercher sa commande à la ferme. Précurseur, le site basé sur un échange direct entre consommateurs et producteurs montre rapidement que le client souhaite encore avoir un service de regroupement des produits avec livraison.
On se structure donc en société coopérative mi-2011 (seul ce statut nous permet de faire un appel à parts public pour lever nos fonds car les bailleurs traditionnels ne nous suivent pas et le crowdfunding n'existe pas encore) et assurons nos 1ères livraisons début 2012.
Le marché se tend alors de plus en plus avec l'entrée de nombreux pures players et d'acteurs historiques. En parallèle le modèle économique collaboratif émerge dans tous les secteurs d'activités. Nous décidons alors de mettre à profit notre expérience et notre outil (on a dès le départ choisi de travailler avec un outil open source) pour développer un réseau collaboratif.
Aujourd'hui, nous travaillons toujours localement en B to C avec l'identité Topino.be et avons développé une activité B to B pour soutenir cette multitude d'acteurs locaux B to C qui continue à émerger partout en Europe. En mai 2015, nous soutenons le lancement de MangeonsMalin.be en province de Luxembourg. Topino.be et MangeonsMalin.be agissent donc dans un réseau interconnecté, utilisent le même outil backoffice, mutualisent leur logistique et permettent à leurs clients d'avoir accès à une gamme plus étendue. Une dizaine d'acteurs locaux sont pour le moment en discussion pour intégrer le réseau.
3-Tu es aussi le premier à avoir lancé un système de livraison en l'absence du client?
La livraison des courses hebdomadaires répond à une attente du client qui diffère de la livraison d'un pull ou d'un livre acheté en ligne. Avec les courses, on touche à l'organisation de base des ménages et l'effort d'attente que le client est prêt à faire pour la livraison d'un bien unique (pull, livre, ...) n'est pas le même que pour celle de biens de consommation courante livrés toutes les semaines.
Nous avons donc créé la Woodbox sécurisée, placée chez les gens et qui lève entièrement la contrainte de l'attente. Le client rentre chez lui le soir et ses produits locaux sont au frais dans leur caisse isotherme dans sa Woodbox. En plus de faire gagner du temps au client, la livraison sans rendez-vous nous permet d'optimiser les tournées et de réduire l'impact CO2.
4- En quoi votre site est-il collaboratif aujourd'hui?
D'une part, grâce à notre activité B to B, nous mutualisons notre outil backoffice et notre logistique avec d'autres opérateurs locaux qui, dans un modèle classique, seraient nos concurrents.
Ensuite, tous les clients peuvent devenir coopérateur, soutenir financièrement le projet et participer à la vie de la coopérative. Ils savent donc ce qu'ils mangent et ils savent exactement où va l'argent des produits qu'ils paient. Enfin, nous travaillons de plus en plus à mettre en valeur les talents de nos clients pour en faire profiter la communauté, notamment avec le lancement de recettes à faire éditées par les clients eux-mêmes.
5- Comment vois tu l'évolution de l'économie collaborative dans le domaine food ?
Le client sortira de plus en plus de son rôle unique de consommateur et deviendra prosommateur. Il cumulera alors selon sa situation du moment et ses talents un rôle de producteur, consommateur, éditeur de recettes, livreur à vélo, préparateur de commandes, rédacteurs d'articles, dégustateurs de produits, animateurs d'atelier cuisine, ... avec en corollaire pour l'ensemble des prosommateurs un coût marginal quasi nul des produits et des prix bien plus accessibles puisque le réseau sera géré par les clients eux-mêmes. Notre rôle sera alors de gérer un outil web efficace pour leur permettre de gérer leurs différentes compétences et les faire interagir avec les autres prosommateurs. On sera bien loin du rôle actuel des distributeurs qui impose leurs marques, leurs produits et leurs producteurs à des clients qui n'ont comme seul choix de payer.
6- Tu as quoi dans ta boîte Topino pour demain?
On travaille sur un système de recettes à faire éditées par les clients eux-mêmes. Le client sera triplement gagnant. Il gagnera en temps car il recevra chez lui (dans sa woodbox) les ingrédients et les recettes qu'il aura commandées en 3 clics. Il gagnera en prix car son travail d'éditeur sera converti en réduction de prix. Il gagnera en choix et en goût car eu lieu d'avoir une seule recette industrielle d'un gâteau au chocolat, il en aura 10 artisanales et il choisira celle qui lui correspond le mieux.
7- D'où vient ce drôle de nom, Topino ?
Au début, ca s'appelait topinambour.be du nom de ce joli légume ancien au goût très subtil. On trouvait topino plus sympa et plus percutant.
8- Quel conseil donnerais tu aux entrepreneurs qui nous lisent?
Ne pas avoir peur de se tromper. Etre sûr de son équipe. Se laisser des marges de manoeuvre pour se réorienter rapidement, surtout dans un secteur de niche où les lignes bougent rapidement.
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