Une entrepreneure XXL belge en France
1- Bonjour Anne, pour faire connaissance, pourrais tu te présenter.
Je suis belge, passionnée depuis ma jeunesse par l’art, l’architecture, le dessin, la peinture,
la musique, l’histoire.
A 18 ans, je suis « montée » à Bruxelles pour faire mes études supérieures, d’abord à Saint- Luc pour l’architecture d’intérieur puis à l’ULB, université libre de Bruxelles, pour obtenir un master et une agrégation en Histoire de l’Art. Depuis j’y suis restée !
Venant d’une famille d’indépendants et de chefs d’entreprise, j’ai toujours voulu créer mon propre bureau et être acteur de ma vie ; avant même de rendre ma thèse, j’avais déjà fait toutes les démarches pour me lancer.
2 - Explique nous ce lancement de ce livre XXL, Interior Architecture ?
A la fois déterminée et discrète de nature, trop absorbée par mon travail et ne prenant pas le temps ni le recul pour communiquer davantage, j’avais des projets qui n’étaient pas encore publiés. La rencontre avec le photographe exceptionnel Jörg Bräuer, qui a réalisé toutes les photos du livre et en a assuré la direction artistique, fut déterminante.
Aussi l’éditeur Betaplus, spécialisé dans les livres d’architecture, qui avait déjà publié plusieurs de mes projets dans ses livres thématiques, fut conquis par mes nouveaux projets.
Il y avait là matière pour un livre complet.
Le livre a été lancé à Paris lors de l’édition de Maison et Objet en janvier 2014.
3- raconte nous tes projets XXL ?
Dans mon regard, ce métier n’est pas un travail mais une passion ; si je devais résumer pourquoi je le fais, je dirais que c’est d’abord pour rendre le quotidien plus beau, le sortir de son côté uniquement pratique, l’amener dans une dimension esthétique. C’est alors une façon de traverser la vie avec plus de légéreté et d’élégance. Et au delà de l’esthétique, il s’agit de créer un environnement qui induira calme et distanciation ; faire en sorte que le monde personnel de chacun puisse se poser entre 4 murs, à l’abri du chaos, et qu’en même temps, il reste ouvert à l’accueil, à la rencontre.
Je suis préoccupée par le patrimoine à conserver quand il est significatif et par l’intervention contemporaine à y intégrer, en gardant par dessus tout l’âme des lieux.
Je tente de trouver l’équilibre entre la rigueur et l’émotion, entre l’intellect, le visuel et le tactile ; j’intègre la réflexion dans la structuration de l’espace, le sens des proportions, le traitement de la lumière et la sensibilité dans la recherche des couleurs, des matières.
Il s’agit toujours d’une oscillation entre 2 pôles qui semblent contradictoires ; j’aime le raffinement dans un certain dépouillement.
4- raconte nous tes projets franco-belge ?
Par exemple, cet appartement dans un immeuble classé Art Déco dans le XVIè arrondissement de Paris ; l’intérieur était complètement détruit, il fallait retrouver l’esprit des années 30 sans en faire un pastiche. Les clients, grands colletionneurs d’art, voulaient créer un écrin pour leurs oeuvres d’art ; mon rôle était aussi de les mettre en valeur.
Ou ce manoir XVIIè-XVIIIè dans l’Oise près de Chantilly, devenue la maison de campagne d’une famille parisienne.
Le Crazy Horse, lieu mythique, où je n’étais jamais allée avant de recevoir le projet à réaliser!
De l’autre côté de la frontière, un symbole de Bruxelles cette fois, le Musée du Manneken-Pis sur la Grand-Place.
J’ai la chance de pouvoir traiter des projets très différents et originaux, évoqués dans le livre
5- raconte nous ton histoire « d’amour » avec la France
Je me suis toujours sentie belgo-française, peut-être inconsciemment par le fait d’être née dans une ville au passé historique très riche, Tournai, certes belge mais qui fut souvent française au cours de l’histoire, capitale des rois Francs, possession de Louis XIV entre autres.
Passant donc mon enfance et ma jeunesse près de la frontière, je la franchissais souvent, bien aidée en cela par l’amour immense de mes parents pour la France. Ils m’ont fait voyager dans toutes les régions et les départements, de la Bretagne à l’Alsace en passant par le Périgord ou la Provence...
En achetant il y a 15 ans un château du XVè siècle très délabré, classé Monument Historique, dans le Sud-Ouest de la France, en Charente, je n’ai fait que renforcer ces liens car depuis je passe toutes mes vacances et moindres moments libres à le restaurer dans les règles de l’art.
C’est un projet d’une vie, alliance entre architecture, patrimoine, terroir, lieu pour réunir ma famille et mes amis.
6- quelles sont tes réalisations les plus marquantes ?
Des lieux publics insolites comme le Crazy Horse ou le Musée Manneken-Pis déjà évoqués, des projets privés où l’aventure humaine fut passionnante.
Peut être aussi l’Ancienne Nonciature, nouveau défi personnel que je me suis lancé.
Cette ancienne ambassade du Vatican avait été saccagée au cours des siècles ; la restaurer signifiait aussi lui apporter une thématique appropriée : j’ai souhaité qu’elle devienne la nouvelle ambassade des Arts au Sablon. En effet, en plus de mes bureaux qui y sont installés, j’ai dédié les salons d’apparat à l’organisation d’événements dans le domaine de l’art. Plusieurs prestigieuses expositions ont eu lieu ; entre autres la galerie nomade « Maison Parisienne », le Musée Royal d’Art Africain, l’Ambassade de Pologne ont investi les lieux.
Je crée des projets pour mes clients mais aussi pour moi car je ne peux m’arrêter de vouloir redonner vie à des lieux tombés en désuétude.
7- Que réalises tu en 2015 ?
Des projets privés toujours entre la Belgique, la France, le Luxembourg, et un projet prestigieux en France ....qui doit encore rester secret !
LIVRE : Anne Derasse – Interior architecture – éditions Betaplus ; photographies Jörg Bräuer
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